La torche avant Biarritz!

La torche avant Biarritz!

La team Normandie est de retour après un été où tout le monde a plus ou moins vadrouillé. Certains ont pu surfer régulièrement d’autres moins et avec la rentrée, il est temps de voir où en sont nos surfeuses et surfeurs. Le championnat de France, objectif ultime de la saison aura lieu dans moins de deux moins.

Pour se remettre dans le bain de la compétition, la team de Normandie s’est reformée pour participer à la dernière étape de l’open de France espoir qui se déroule depuis maintenant deux ans à la Torche (Finistère sud).

La participation à cet open de France dépend du « seeding » (classement national) de chacune et chacun dans leur catégorie. La bonne nouvelle est que cette année le tableau de chaque catégorie a été étendu avec 36 places pour les garçons et 18 pour les filles. Ainsi 7 de nos espoirs dont 6 qualifiés pour le championnat de France ont pu intégrer les tableaux. La mauvaise est que ce format de compétition prend au moins 3 jours et ça ne rentre donc pas sur un week-end. Cette fois encore, les catégories juniors filles et garçons sont programmées le lundi, nous deux ondines juniors Naya et Nina ont donc dû se désinscrire car ce sont apparemment les seuls qui ont cours lundi ! Nous avions déjà eu le cas l’an dernier avec Noah en junior garçon. Les filles sont tout de même du voyage pour surfer dans une atmosphère de compétition avec leurs futures adversaires.

Nous voilà donc arrivés vendredi soir dans nos mobiles homes du camping de la plage. Un de nos préférés de toute la côte Atlantique avec celui de Montalivet. Piscaille, toboggan, pizzas font partis des incontournables sur nos trop courts temps off compétition. Nous commençons tout de même à avoir nos petites habitudes…

Réveil à 7h pour être sur le spot de Tronoën à 8h00. Le temps est calme, une jolie petite houle déferle tranquillement sans vent sur la baie d’Audierne. Les vagues, certes un peu molles passent en gauche et en droite, permettent largement aux plus jeunes, les minimes, de s’exprimer. Armel et Baptiste sont les deux normands de la catégorie et c’est Armel qui commence dans la série 2. Nous sommes arrivés un peu trop juste pour qu’Armel « pas trop du matin » se fasse un petit warm up. Il commence donc doucement sa série et ne prendra sa première vague qu’après 10 minutes écoulées (la série dure 20 minutes !). La consigne principale pour Armel comme pour les autres et assez simple, choix de vagues réfléchi, surfer sérieux et appliqué, finir ses 2 vagues proprement (les surfeurs sont notés sur les deux meilleures vagues). Sur cette première vague Armel applique parfaitement tout cela. En gauche, donc backside, Armel place une première pas suffisamment dans les critères mais propre, ce qui lui permet d’enchainer un deuxième top turn un peu meilleur. Ce n’est pas très radical mais ça passe proprement. Il obtient un 3,47 qui le remet dans la série. Une autre vague comme celle-là devrait suffire pour passer au second tour. Le premier parait difficilement battable mais il y a bien 3 garçons pour la deuxième place. Armel enchaîne assez vite une droite mais chute sur sa manœuvre de replacement (partie plus molle de la vague). La troisième vague est un coup dans l’eau sans mauvais jeu de mot. A quelques minutes de la fin un 3,5 suffirait pour passer deuxième, Armel part sur une jolie droite avec du potentiel, après une bonne prise de vitesse, il envoie un premier top turn assez fort, il est à la limite de tomber mais ça passe, la vague lui permet une manœuvre de replacement et probablement une dernière manœuvre qui lui aurait d’avoir le score, mais là encore sur le replacement Armel coince le rail et tombe. Ca ne passe pas pour Armel, mais la série est tout de même satisfaisante. Armel nous a montré qu’il pouvait bien faire et c’est encourageant. Il y a des points à travailler notamment sur les parties plates de vagues et nous avons commencé dans la foulée.

A peine la série d’Armel terminée, le coach envoie Baptiste pour un surf d’échauffement. Le coach sur de lui qui pense être consciencieux, pro, confiant et tout le trallala … Oui mais la série de Baptiste est dans 20 minutes… Le coach ne sait pas compter et court en speed récupérer Baptiste parti surfer loin au nord. Baptiste pique un sprint de 400 m pour aller récupérer son lycra pour être finalement prêt 8 minutes avant sa série. Bon l’échauffement est fait et on est passé pas loin du scandale.   Il n’y a pas que les surfeurs qui ont besoin de se remettre dans le bain…

La série de Baptiste est rendue difficile par quelques erreurs. Mais Baptiste souvent stressé en compétition est là pour apprendre. 1ère erreur, Baptiste n’a fini que sa dernière vague. Toutes les autres n’ont pas été terminées, 2ème erreur la baisse d’intensité dans son surf au fur et à mesure de la série. La dernière, la politesse que Baptiste fait à un adversaire à 4 minutes de la fin sur une des meilleures vagues de la série. Batiston, pourtant prioritaire, laisse la vague pensant que le blanc était prioritaire.

Techniquement Baptiste n’a pas été mauvais, Il a été appliqué mais il doit encore comprendre certains points clefs des manœuvres. Autre bon point, Baptiste n’a pas trop stressé comme cela lui arrive parfois.  Les free sessions sur le week-end en présence du gratin espoir français l’ont inspiré et dès qu’il va décoincer deux trois trucs la progression devrait être fulgurante. Baptiste n’est pas qualifié pour les « Frances » mais il a l’hiver pour bosser et on peut compter sur lui pour ne rien lâcher en 2024.

Fin de journée pour la team Normandie et fin de journée pour la compet, le podium juge, sous tente, s’est pris un grain orageux hyper localisé sorti de nulle part (il n’est pas tombé une goute à 1 km de là), une piscine sur la tronche en 3 minutes, tout le matos informatique est trempé et le jugement devient impossible. Reste à tout faire sécher pour le lendemain 7h30 avec les minimes à finir et les cadets à envoyer dans la journée. Les jeunes relâchent au camping et déglinguent comme d’habitude les toboggans

Bonne nouvelle pour la team Normandie ce dimanche matin, le réveil ne sonne qu’à 8h30. Les 3 heures de compét minime restantes de la veille sont lancées ce dimanche matin. On arrive donc tranquillou à 10h00 sur le spot de la Torche. Pablo doit passer à 12h40 et Elise à 15h40. Les vagues ont un peu grossi mais cela reste des vagues plutôt molles avec quand même quelques bonnes dans les séries.

Pablo a participé aux deux autres opens de France cet et a pu surfer dans les Landes cet été. Sur le surf d’échauffement on sentait le garçon plutôt chaud. Tonique, rapide et incisif il ne manquait que des trajectoires plus ambitieuses. Pablo est passé cadet cette année après sa très belle 5ème place minime l’an dernier au championnat de France. En cadet c’est la guerre, le niveau est incroyable, les garçons commencent à avoir de vrais physiques d’athlète, maîtrise la technique, la différence se fait sur le choix de vague et l’approche de la vague,(utilisation de la vague, en bas, devant, dedans ou au dessus) et parfois la tactique.

L’objectif pour Pablo sur ce premier tour et de trouver 2 bonnes vagues et de les surfer proprement et sans chute. Deux vagues à la moyenne pour espérer passer au second tour. Les scores dans les 5 premières séries cadet atteignent à peine 10 points de total. Il s’agira ensuite de faire monter son niveau de surf et d’aller chercher des trajectoires plus ambitieuses, plus bas, plus verticales, plus amples plus radicales, plus dans les critères de jugement officiels en somme. Pablo débute parfaitement la série avec une vague dès le lancement de la série. Une gauche 3 manœuvres rapides et propres. 5 points. Bien Pablo est dans le coup. A peine quelques minutes plus tard, Pablo chope une petit back up à 3,6. Il lui faut une autre vague à potentiel pour se mettre à l’abris. Chose faite assez rapidement avec deux manœuvres explosives enchainées sur une gauche notée 6,5. Contrat rempli pour Pablo qui assure ainsi sa place pour le second tour. Il obtient du coup le meilleur total de ce premier tour cadet. Sans être un score fou, le truc fait son petit effet, le commentateur qui insiste bien sur la provenance de chaque surfeur a bien mis en avant la Normandie et le Cotentin Surf Club et quelques discussions s’en suivront entres coachs. C’est très important pour une petite ligue comme la nôtre. Rappelons que la plupart de nos adversaires sont en structure de la filière de haut niveau avec le temps et les moyens qui vont avec.  Un peu de reconnaissance pour le surf normand fait toujours plaisir. Pablo et sa sœur Nina ont aussi la chance d’être accompagnés par leurs parents qui n’hésitent pas à se taper des bornes pour les faire surfer ailleurs dans de meilleures conditions et participer à d’autres compets. C’est un élément déterminant pour nos jeunes surfeurs.

Revenons à nos bretons. Une heure plus tard, Pablo repart au charbon, ça se complique sérieusement au tour 2 car on trouve là ce qui se fait de mieux en matière de surf français dans les 15/16 ans. Il est possible que nous ayons parmi ces jeunes les futurs représentants français aux JO de 2028 ou 2032. Avec ce type de clients, il n’y a plus vraiment de question à se poser. Il faut monter d’un cran dans tous les domaines de son surf. Comme lors de la première série Pablo trouve dès la première minute une bonne première vague notée 4 et quelques, pas mal, mais à ce niveau de compétition il faut aller chercher minimum des 6 ou 7 points par vague. Pablo enchaîne avec une autre gauche toujours à 4 et quelques. Pablo surfe bien, super bien même mais le message des juges est clair, ils en veulent plus. Plus d’amplitude, plus de bottom, plus de projection, plus de spray, plus de risque ! La tête de série trouve un 7 et s’assure un back up pour prendre la première place, Le pote breton de Pablo, Malo trouve deux bombes mais surfe un ton en dessous avec des scores qui ne dépassent pas 4 et des bananes. Pablo est toujours second et donc qualifié pour les quarts mais le martiniquais est hyper dangereux. Il n’a pas encore trouvé les bonnes vagues mais on sent que s’il trouve un bout il fera parler la poudre car le surf radical et engagé, il le maitrise. Pablo trouve une droite, 3 rollers backside bien enchainés un peu plus radicaux, C’est un 5 et quelques. Le breton a besoin d’un 5 et le martiniquais d’un 5,20. Pablo a la prio et peut donc les bloquer à moins de 5 minutes de la fin. Sur le papier ça le fait. Pablo rame vers ses deux adversaires mais ne semble pas faire le choix de qui bloquer. Le martiniquais est le plus dangereux, Pablo doit faire le rémora et le bloquer. Il reste une minute quand une gauche moyenne se pointe, Pablo est 10 mètres de son adversaire, s’il Pablo part il le bloque. Pablo hésite, ne part pas et fait donc une politesse à Nael qui ne se fait pas prier. 3 manœuvres dont une belle dernière. 5,6, le martiniquais chope le score, il reste 30 secondes, pas de vague en vue, on l’a dans le kouign.

Alors oui, c’est terrible de passer à côté des quarts et peut être du top 10 pour cette bêtise. Pablo sort de l’eau. « J’ai trop le seum, pourquoi je ne l’ai pas bloqué ? » dit -il. Ce genre d’erreur arrive souvent et à tous les niveaux même sur une finale du circuit mondial. Une erreur d’appréciation lorsque l’on est sous pression, un manque de lucidité ou une information mal interprétée. C’est la compétition et c’est complètement humain. C’est rageant, frustrant certes mais il y a surtout un autre enseignement à garder en tête avec une échéance comme le championnat de France qui arrive. Il ne s’agit de surf de compétition. L’exercice est particulier, les contraintes sont fortes et nombreuses. Pour gagner, il y a la stratégie, la tactique, mais il faut surtout les scores qui vont avec. Les 4 et 5 et quelques auraient été des 7 ou des 8 si le surf avait davantage collé aux critères. Nous connaissons les critères de jugement, les attendus des juges alors il faut rester focus et surfer dans l’excellence. C’est pour ça que nous sommes venus, comme une piqûre de rappel, voir un léger coup de pied au cul. C’est toujours mieux qu’une bonne « Torche » dans la g… Pablo sait ce qu’il lui reste à faire pour les semaines à venir. Son surf a été très bon sur ce week-end, il a toutes les capacités pour aller plus loin, il faut simplement y aller. Rappelons que Pablo représentera la Normandie en cadet mais aussi en Open à Biarritz.

Ce n’est pas le seul qui peut avoir des ambitions sur les « France ». Une heure après Pablo c’est Elise qui passe en ondine cadet. Il ne s’agit pas de résultats de compétition pour Elise mais de comportement de compétitrice. Elise participera à 4 catégories lors des championnats de France à Biarritz. Elle défendra notamment son titre de Championne de France en SUP Ondine espoir en plus du surf et du longboard. Sur cet open de France surf, l’objectif était de chercher à optimiser son surf pour coller aux critères de jugement. On sait que ses adversaires sont un cran au-dessus mais il faut aller à l’eau et chercher à progresser.  Elise part sur sa série motivée, elle prend très vites plusieurs vagues. Mais les vagues prises n’ont pas de potentiel. Pourtant Elise n’arrive pas à se canaliser et à patienter pour prendre les bonnes. Les 3 autre filles, elles, sont plus patientes et partent sur des meilleures vagues. Les scores sont sans appel, Elise se fait distancer et ne pourra jamais recoller. C’est une déception pour Elise. Il faut regarder maintenant vers le championnat de France et s’entraîner en multipliant les mises en situation. Elise nous a déjà épaté lus d’une fois. A nous de trouver les conditions pour cela se reproduise.

Nous avions aussi Nina, Naya et Cormac qui n’ont malheureusement pas pu participer à la compétition. Ils ont tout de même souhaité faire le déplacement pour se préparer en vue de Biarritz. Entraînement à l’eau mais aussi cohésion d’équipe. La team Normandie entre dans la dernière ligne droite vers le Championnat de France. Nous les retrouverons le 7 octobre avec un open territorial de Normandie à Siouville. Ce sera ensuite le championnat de France Elise, Naya, Armel, Pablo et Cormac seront accompagnés des Open Bastien (SUP) et Vincent (longboard) pour tenter de mettre enfin un drapeau normand sur le podium des remises de prix.